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SincéritéS

Que furent les actes de résistance de Manouchian entre la signature du pacte germano-soviétique (1939) et l'invasion de de la Russie par Hitler (1941) ?

23 Février 2024 , Rédigé par Jean-Pierre Llabrés Publié dans #Histoire

Source : 
https://www.ouest-france.fr/leditiondusoir/2024-02-19/voici-l-incroyable-parcours-du-resistant-missak-manouchian-qui-entre-au-pantheon-f7f83f64-cf22-42d6-acb0-af280faca838


Le 2 septembre 1939, le jour de la déclaration de guerre de la France à l’Allemagne nazie, l’ouvrier arménien, qui travaille alors dans l’usine de fabrication de moteurs Gnome-et-Rhône, est interné administrativement à la prison de la Santé. « Il est arrêté car il est doublement suspect, il est étranger et communiste, alors que le PCF vient d’être interdit quelques jours à peine après la signature du pacte germano-soviétique », rappelle Claire Mouradian. Sans preuves, Missak Manouchian est libéré au bout d’un mois et rejoint l’armée française, conformément au décret d’avril 1939 qui prévoit la mobilisation des réfugiés et apatrides. Incorporé au sein de la 4e compagnie d’instruction dans le Morbihan, il profite de sa présence sous les drapeaux pour réitérer sa demande de naturalisation. Ayant reçu l’avis favorable du préfet de Saint-Brieuc et de ses supérieurs militaires, sa demande n’aboutira pas malgré tout.

Après la victoire allemande de juin 1940, il est affecté à différentes usines, avant de rentrer à Paris début 1941. L’Arménien est de nouveau interné brièvement en juin de cette année-là, après le déclenchement de l’opération Barbarossa et l’attaque de l’Union soviétique par l’Allemagne nazie. Relâché une nouvelle fois, il renoue avec la MOI et décide de s’engager peu de temps après dans la résistance contre l’occupant, au sein des forces communistes.

En 1942, il est chargé du groupe des Arméniens au sein de la MOI en région parisienne, qui mène des actions de renseignement et de propagande contre les forces d’occupation. En février 1943, suite à une première vague d’arrestations entraînant une réorganisation de la Résistance parisienne, Missak Manouchian prend la tête 1er détachement des FTP-MOI - le bras armé de la résistance communiste, chargée des opérations de guérilla urbaine – avant d’être promu commissaire technique cinq mois plus tard. À partir d’août 1943, il dirige les actions militaires de l’ensemble des FTP-MOI. « Son romantisme, sa sensibilité qui s’exprimaient dans ses poèmes s’accommodaient mal du travail qu’il devait accomplir, en particulier lorsqu’il s’agissait de s’attaquer à des soldats allemands », écrivait l’historien Jean-Pierre Besse, dans la notice biographique consacrée à Manouchian dans le dictionnaire Maitron des fusillés. 

L’action la plus spectaculaire et la plus emblématique du groupe parisien des FTP-MOI mené par Missak Manouchian reste l’exécution, le 28 septembre 1943, du colonel SS Julius Ritter, responsable de la mise en place du Service du travail obligatoire (STO), qui permet aux autorités allemandes de réquisitionner des jeunes Français pour les envoyer travailler outre-Rhin pour soutenir l’effort de guerre nazi. Malheureusement, ce coup d’éclat sera l’un des derniers. Plusieurs membres du réseau – dont Missak Manouchian et son chef Joseph Epstein - sont repérés par les Renseignements généraux de la préfecture de police de Paris.

En quelques mois, tous les combattants des FTP-MOI sont identifiés avant d’être arrêtés en novembre 1943. Mélinée, qui participe elle aussi à la résistance communiste en transportant des armes pour le groupe, échappe au coup de filet en se réfugiant chez les Aznavourian. Au total, les 68 résistants des trois groupes de FTP-MOI sous les ordres de Missak Manouchian sont emprisonnés. Après avoir été torturés, ils sont livrés aux Allemands. 45 d’entre eux sont déportés, tandis que les autres, 22 hommes - dont Manouchian - et une femme (Olga Bancic), sont les « acteurs » d’un grand procès spectacle organisé à des fins de propagande.

Les vingt-trois sont condamnés à mort après une journée d'audience. Le , les vingt-deux hommes sont fusillés au Mont-Valérien, en refusant d'avoir les yeux bandés, tandis qu'Olga Bancic est transférée en Allemagne et guillotinée à la prison de Stuttgart le . Quelques heures avant son exécution, Manouchian se fait confesser et communie avec l'abbé Franz Stock, aumônier du Mont-Valérien.

 

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