Je suis consterné de constater que Max Havelaar France, organisation de commerce équitable, ne considère les produits vivriers que seulement en ceci qu'ils nourrissent les agriculteurs et leurs familles (Autoconsommation). Cette conception est antérieure à 1936, année qui vit la création, par le Front Populaire, de l’Office National Interprofessionnel du Blé (qui deviendra l’ONIC, avec « c » pour céréales).

Début de citation :
L’agriculture vivrière est essentiellement destinée à l’autoconsommation et même s’il peut y avoir des excédents, il est très rare que ce cela soit destiné à l’exportation. Il ne serait pas souhaitable que ce soit le contraire puisque les cultures vivrières ont une place fondamentale pour assurer la sécurité alimentaire. Le commerce équitable est destiné à améliorer les revenus des petits agriculteurs au travers les cultures de rente, qui complètent souvent le modèle économique de l’agriculture familiale. Le modèle intègre donc des conditions commerciales plus justes pour les matières premières d’exportation qui constituent ces cultures de rente (café, cacao, banane, coton, etc…).
Fin de citation.

Or, dans le monde, au-delà de l'autoconsommation, les agriculteurs de produits vivriers ont récolté, durant la campagne agricole 2022-2023, deux milliards huit cent trente-six millions de tonnes de produits vivriers qui ont été vendues, sur le marché intérieur, initialement, intégralement et exclusivement par les agriculteurs puis qui ont fait l’objet d’autres transactions par d’autres opérateurs sur le marché intérieur et à l'exportation.

Et la commercialisation sur le marché intérieur n'a rien d'un commerce équitable pour le producteur ! ! !

En effet, dans les pays dits en développement, les agriculteurs sont trop pauvres pour disposer de la trésorerie nécessaire pour financer des capacités de stockage leur permettant de conserver leurs récoltes jusqu'à la récolte suivante et de pouvoir les vendre à meilleur prix tout au long de l'année. Ils sont contraints de les vendre (sauf leur autoconsommation) à bas prix juste après la récolte raison pour laquelle les productions stagnent.

Ces ventes massives à la récolte font chuter les cours et les commerçants-grossistes ainsi que les agro-industries, qui disposent de stockages, achètent les produits vivriers à prix très réduits et, ensuite, réalisent des marges très importantes jusqu'à la nouvelle récolte.

Si Max Havelaar s’associait avec toutes les autres organisations de commerce équitable, elles n’auraient pas la surface financière nécessaire pour financer les centaines de millions de tonnes (on ignore les quantités produites dans l'ensemble des pays dits en développement) de capacités de stockage dont ont besoin les agriculteurs, dès la récolte, pour conserver leurs récoltes et pouvoir les vendre à de meilleurs prix tout au long de l’année avant la récolte suivante.

Depuis plus de 40 ans, je suis le seul au monde à professer en vain ce constat fondamental pour les agriculteurs de produits vivriers des pays dits en développement et à essayer, en vain, de le faire partager aux "élites" qui nous gouvernent et "gèrent" l'aide publique au développement économique...

Annexes :

1.1.Les producteurs du sud victimes du libéralisme. [Le Monde, 29 septembre 1992]
http://www.sincerites.org/article-les-producteurs-du-sud-victimes-du-liberalisme-le-monde-29-septembre-1992-39291111.html

1.2.Les produits vivriers doivent devenir des produits de rente !
http://www.sincerites.org/article-les-produits-vivriers-doivent-devenir-des-produits-de-rente-39291626.html

L’anachronisme de Max Havelaar France en matière de produits vivriers