Bill Gates, son « Rapport sur le Développement » et le G 20
Fort de sa solvabilité et de son engagement dans le mécénat en faveur de l’aide au développement des pays dits « en développement », Bill Gates s’est vu confier une étude sur le financement du développement par le G 20.
Il a remis son rapport au G 20 de Cannes, le 3 novembre 2011 : Rapport sur
le Développement :
rien de transcendant ; de généreuses généralités : en aucun cas un véritable document de travail !
Dans son avant-dernier chapitre, Bill Gates souligne « Le rôle vital de l'aide au développement » (The Vital Role of Development Assistance).
Début de
citation
(Traduction automatique Google)
« APD stimule l'innovation en finançant des projets pilotes que
les pays pauvres ne seraient pas eux-mêmes entreprendre »
[...]
« Mais le fait est aide représente environ 1 pour cent des dépenses publiques dans plupart des pays donateurs. Ce montant d'argent n'est pas la cause des problèmes budgétaires dans le monde,
et la coupe de retour sur l'APD ne va pas les résoudre. L'aide est un petit investissement qui génère un rendement énorme. Ce sont précisément les investissements que nous ne devons ménager quand
il est temps de faire des coupes ».
[...]
« Beaucoup de pays donateurs ont établi des cibles pour l'APD. Plus particulièrement, 15 pays européens se sont engagés à consacrer 0,7 pour cent de leur RNB à l'aide au développement en
2015. J'exhorte les pays riches qui n'ont pas engagé à le seuil de 0,7 pour cent d'adopter cette norme et de commencer la budgétisation des petites augmentations pour y arriver ».
[...]
« Si les pays donateurs qui ont fait des promesses d'aide de les garder, il va générer une somme supplémentaire de 80 milliards de dollars pour le développement de chaque année d'ici 2015.
Si tous les pays donateurs d'atteindre l'objectif de 0,7 pour cent, il va générer un montant supplémentaire de 170 milliards de dollars ».
[...]
« Ces dernières années, que les habitudes de la guerre froide ont reculé, les pays ont de plus en plus concentré leur aide sur les OMD liés à des objectifs. La communauté du développement
est devenu plus efficace, mais nous avons encore un long chemin à parcourir. Les principales institutions multilatérales qui se concentrent sur les priorités de développement ont un rôle
important à jouer. Certains des meilleurs résultats ces dernières années viennent de mettre en commun des fonds à des fins de développement général (à travers l'Association de la Banque mondiale
pour le développement international, par exemple) ou pour des questions spécifiques (par le biais du Fonds mondial, par exemple) ».
[...]
Fin de citation
De ce qui précède, on retient que Bill Gates se satisfait des résultats de l’Aide Publique au Développement (APD).
À ce stade, il est nécessaire de rappeler quelles sont les modalités de mise en œuvre de l’APD pour obtenir des résultats satisfaisants.
Début de citation
Source : Union européenne : Gaspillage annuel de 30 milliards d’Euros
!
Le fiasco !
En 2002, l’Union européenne a contribué, à concurrence de 31 milliards d’Euros1, à plus de la moitié de l’aide publique mondiale destinée au développement des pays émergents. Or, cet effort financier des contribuables européens s’avère n’être qu’une aide au sous développement économique durable car l’Union européenne est incapable de générer des activités économiques pérennes.
En effet, aucun des programmes et des projets de développement économique qu’elle a mis en œuvre, depuis plusieurs dizaines d’années, n’a jamais survécu à la fin de la période de financement initial externe. Autrement dit, les investissements financés ne se sont jamais traduits, nulle part, par des résultats économiques, des profits durables et croissants en faveur des populations bénéficiaires.
Principe de l’aide au développement économique
La réalisation d’un programme, ou d’un projet, de développement économique consiste en la création d’une entité bénéficiant d’un financement externe, durant un à cinq ans, en général2, destiné à faciliter son installation et son développement initial. Au terme de ce financement externe, le programme, ou le projet, doit obtenir des résultats économiques tels que ses bénéficiaires soient en mesure d’en retirer des profits substantiels ainsi que d’en poursuivre le développement de manière autonome.
Par exemple, s’agissant de développement rural, en général, et de production de produits vivriers, en particulier, vitaux pour l’alimentation des populations des pays émergents, un programme de développement économique peut consister en la création, financièrement assistée, d’une coopérative d’agriculteurs ayant pour objet de stocker et de commercialiser lesdits produits vivriers de telle manière que les agriculteurs, sociétaires de la coopérative, améliorent les revenus procédant de leur activité économique et, ce faisant, accroissent leur productivité et améliorent leur niveau de vie.
Bien entendu, l’aide au développement, financée par les pays riches, ne saurait réaliser, à elle seule, l’intégralité du développement économique des pays émergents qui en bénéficient. En revanche, son objectif est de mettre en œuvre des programmes, projets et entreprises « pilotes » dont le succès doit apporter une amélioration économique intrinsèque mais, également, par son exemplarité, provoquer la réplication en grand nombre des « modèles pilotes » afin de générer un ensemble, aussi vaste que possible, d’entreprises économiques rentables et profitables aux populations des pays émergents.
Évaluation & Bilan
Depuis plusieurs dizaines d’années, l’Union européenne a financé des quantités de programmes et projets de développement économique. En bonne logique, si l’aide au développement économique de l’Union européenne avait été efficiente, on devrait rencontrer, dans tous les pays émergents où l’Union européenne est intervenue, des entreprises rentables et en développement longtemps après qu’ait cessé le financement externe.
Pour ce qui concerne spécifiquement la Commission européenne, les Commissaires au Développement et aux Relations extérieures, respectivement Poul Nielson et Christopher Patten, sont dans l’incapacité absolue de déterminer, pour les trente dernières années, quelles ont été les ressources financières investies dans l’aide au développement des pays émergents et dans combien de programmes ou projets elles l’ont été.
De même, ils sont également incapables de faire la part entre les investissements dont on ne saurait attendre, autrement qu’indirectement, un retour sur investissement (éducation, santé, etc.) et ceux dont il est absolument légitime et logique d’espérer, directement, un retour sur investissement (programmes et projets de développement économique).
Enfin, et le plus grave, ils sont tout aussi également incapables de déterminer combien de programmes et de projets de développement économique, financés durant leurs années de démarrage, se sont avérés rentables, après la cessation des financements externes, et continuent, depuis dix, quinze ou vingt ans, de se développer de manière financièrement autonome, générant des profits financiers pour leurs bénéficiaires et en améliorant le revenu ainsi que le niveau de vie.
Or, malheureusement, on ne trouve nulle part, dans aucun pays émergent, un seul projet qui, ayant cessé de recevoir un financement externe, aurait continué de prospérer depuis dix, quinze ou vingt ans, en tant qu’entreprise indépendante et rentable pour la plus grande satisfaction de ses bénéficiaires.
En d’autres termes, les investissements colossaux réalisés par l’Union européenne, durant plusieurs décennies, se sont révélés totalement improductifs, voire contreproductifs. Il convient mieux de parler de gaspillage que d’investissement !
Pourquoi un tel fiasco ?
Bien évidemment, à constater le fiasco intégral3de l’aide européenne au développement économique durable des pays émergents, on ne peut que se demander quelles en sont les raisons. Il serait trop long d’entrer, ici, dans l’examen détaillé de l’ensemble des paramètres techniques qui président à l’échec ou au succès d’une entité économique naissante.
Cependant, il en existe un auquel il est accordé trop peu d’attention : le potentiel de pérennisation4du programme ou du projet de développement économique au delà de la phase nécessaire de financement externe. Ce paramètre devrait devenir le premier critère à évaluer avant de donner une suite quelconque à un programme ou à un projet de développement économique supposé durable.
Faute de procéder ainsi, les populations des pays émergents, supposées bénéficier desdits programmes ou projets de développement économique (durable), continueront de vivre un rêve, durant la phase initiale de financement externe, puis continueront de plonger dans un cauchemar lorsque périclitera leur entreprise, lors de la cessation de tout financement externe, par manque de résultats économiques, de capacité de développement et de profit.
Perspective de l’aide au développement
Dans l’absolu, s’il existe une volonté réelle d’aider au développement économique des pays émergents, le potentiel de pérennisation économique d’un programme, ou d’un projet, doit devenir le critère premier présidant à la décision de financer ledit programme ou projet5.
En effet, sans cette pérennisation économique des investissements financés par l’aide, le développement économique demeurera faible et les États émergents ne trouveront pas les ressources (fiscales ?) nécessaires au financement de leurs fonctions régaliennes ainsi que de leur progrès social.
Il est donc de la première urgence de rendre l’aide au développement des pays émergents économiquement efficace car, sans développement économique, il ne saurait advenir aucun développement social.
Cette efficacité économique ne sera une réalité que lorsque, dans les pays émergents, il sera possible de dénombrer les entreprises qui, générées par l’aide au développement, continueront à se développer et à dégager des profits pour leurs bénéficiaires bien des années après la fin de leur financement externe initial.
Rappelons qu’aujourd’hui, dans l’ensemble des pays émergents et assistés, ce
nombre est de Zéro alors que l’ensemble de l’aide au développement s’élève à environ 50 milliards d’Euros annuellement. Dont, en 2002, 31 milliards d’Euros pour la seule Union
européenne !…
Fin de citation
Pour en revenir au rapport de Bill Gates dans lequel il clame son enthousiasme pour « Le rôle vital de l'aide au développement », force est de constater qu’il demeure incapable de donner un seul exemple d’investissement consenti au titre de l’APD qui se soit pérennisé dans une entreprise privée viable, rentable et en expansion.
Dans ces conditions, on imagine mal que le « Rapport sur le Développement » rédigé par Bill Gates puisse avoir une quelconque incidence positive sur les concepts erronés qui sévissent chez les dirigeants politiques du G 20 en matière d’Aide Publique au Développement (APD) [Économique ?] des malheureux habitants des pays dits « en développement »...
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1 Commission européenne :
10 milliards € ;
États membres : 20 milliards €.
2 Parfois plus.
3 Puisqu’il n’existe aucun programme ou projet qui se soit maintenu en tant qu’entreprise pérenne et rentable après la cessation de son financement initial externe.
4 « Durabilité » : traduction imparfaite de l’Anglais sustainability.
5 Quand bien même il serait illusoire de croire qu’une certitude absolue est possible en la matière : le risque zéro n’y existe pas. Cependant, cela changerait radicalement de la situation actuelle où prévaut le risque absolu.