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SincéritéS

Communisme & Nazisme : Deux égales abominations !

19 Février 2001 , Rédigé par Jean-Pierre Llabrés Publié dans #Histoire

Durant un débat, chaque fois qu’un intervenant ose mettre en parallèle les crimes du nazisme et du communisme, il reçoit une volée de bois vert de la part de ceux qui considèrent le nazisme, par essence, comme l’abomination des abominations et ne tiennent les crimes du communisme que pour de regrettables erreurs dans le cadre de la mise en œuvre d’un projet politique, somme toute, globalement positif.

Nazisme

Le nazisme est, effectivement, intrinsèquement inique. Il se propose de n’être profitable qu’aux seuls aryens, race supérieure ; celle-ci étant définie sur des bases pseudo scientifiques qu’invalide la seule apparence physique de tristes sires tels que Hitler et Himmler ; critère qui aurait dû se retourner contre eux.

Il en résulte que, socialement, le projet nazi se traduit par une volonté de domination des aryens sur toutes les autres populations, décrétées vassales [1], ainsi que d’extermination d’un peuple réputé inférieur à tous, le peuple juif, et de celle de quelques minorités (Tziganes, homosexuels, malades mentaux, etc.).

Sur ces bases, le nazisme porte l’entière responsabilité de la mort de plus de 50 millions de personnes durant la seconde guerre mondiale qu’il a déclenchée avec ses alliés les plus notoires : Italie et Japon. Leur alliance a provoqué la perte d’environ 10 millions de vies humaines dans leurs propres rangs ; moitié militaires et moitié civiles. L’Allemagne totalisant 80 % de ces pertes humaines.

Les pays agressés par le nazisme et ses alliés ont perdu plus de 40 millions de vies humaines dont plus de 90 % étaient russes et chinoises. Les populations sous gouvernement soviétique ont été saignées de plus de 20 millions d’âmes (70 % militaires, 30 % civiles) tandis que le peuple chinois en a perdu plus de 12 millions (55 % militaires, 45 % civiles). Quant aux autres adversaires du nazisme, leurs pertes furent très majoritairement civiles, à l’exemple de la Pologne qui perdit plus de 4 millions de ses habitants.

À ce bilan de guerre, il faut ajouter les 6 millions de victimes de la solution finale de la question juive et les autres victimes d’extermination délibérée et ciblée.

Le nazisme porte, sans conteste, l’entière responsabilité de ce sinistre et abominable bilan. Parmi de nombreux procès, pour crimes de guerre et/ou crimes contre l’humanité, le Procès de Nuremberg est emblématique de la condamnation du nazisme et de ses crimes au regard de l’Histoire. Incontestablement.

Communisme

Le communisme est, effectivement, équitable. Il se propose d’être également profitable à toute l’humanité. En principe.

Malheureusement, cela n’est vrai qu’au niveau des principes. Dans la réalité, depuis l’avènement du communisme en Russie, en 1917, les plus élémentaires droits de l’homme ont été bafoués au nom de lendemains qui devaient chanter.

Dans les pays communistes, URSS et satellites de l’Est, Albanie, Cambodge, Chine, Corée du Nord, Cuba & Viêtnam, l’élimination physique des opposants, ou supposés tels, n’a pas réellement provoqué de cas de conscience chez les dirigeants.

En raison de l’absence de l’équivalent d’un « Nuremberg communiste », il n’a pas été procédé à une tentative de bilan officiel et exhaustif des victimes du communisme dans les pays qui, il y a peu, se sont affranchis de ce régime ni, a fortiori, dans ceux qui en jouissent encore.

Le communisme sévit dans le monde depuis 1917 et, contrairement à l’illusion provoquée par la disparition de l’URSS, il continue de sévir en ce début de XXIème siècle : Cuba, Chine, Viêtnam et Corée du Nord.

En près d’un siècle d’existence [2], il a directement provoqué la mort de millions d’êtres humains. Saura-t-on jamais exactement combien ?

En URSS, les purges staliniennes ont fait plusieurs (dizaines de ?) millions de morts. En Chine, le maoïsme s’est soldé par plusieurs (dizaines de ?) millions de victimes [3]. Au Cambodge, les Khmers rouges ont tués 2 millions de leurs concitoyens. Combien de victimes en Corée du Nord ? À Cuba ? En Albanie ?

Tout cela fut perpétré au nom de l’idéal communiste.

De plus, il convient d’ajouter que l’idéologie communiste, soviétique notamment, a inutilement compliqué l’inéluctable [4] processus de décolonisation de l’après guerre. Il faudrait être bien naïf pour affirmer que, sans l’existence du communisme, la décolonisation se serait faite sans aucune effusion de sang [5]. Mais, il est fort probable que ces effusions auraient été bien moindres.

Or, il convient d’ajouter que l’inutile perturbation provoquée par le communisme dans le processus de décolonisation, et le surcroît de conflits sanglants qui en est résulté, s’est également traduite par un fiasco économique et social dans les pays qui adoptèrent cette idéologie.

Rien d’étonnant à cela : le communisme y a montré la même redoutable inefficacité économique et sociale qu’en URSS et que dans ses satellites [6].

Vertu du Mal ? Perversité du Bien ?

En conclusion, le nazisme et le communisme sont probablement égaux en matière d’abomination si l’on en juge par le nombre considérable de leurs victimes respectives. Refuser d’accepter la comparaison du communisme au nazisme, en termes de pertes en vies humaines, revient à affirmer qu’un crime communiste est moins grave qu’un crime nazi. Il serait intéressant de connaître l’opinion des morts sur cette appréciation.

À la décharge du communisme, on peut considérer qu’il lui a fallu beaucoup plus de temps pour égaler, mais peut-être dépasser, le sinistre score réalisé par le nazisme en une dizaine d’années. Ce ne serait qu’une piètre satisfaction de se contenter de noter que le communisme était (est ?), annuellement, moins criminel que le nazisme.

Mais, à la charge du communisme, on se doit de ne pas oublier que son idéologie est initialement généreuse et humaniste dans ses principes. Comment refuser un projet économique et social promettant la prospérité et l’équité pour tous ?

Au contraire, l’idéologie nazie était foncièrement et visiblement inique : il en résulte que ses crimes étaient dans l’ordre logique de ses promesses. Il était possible et légitime d’en être révolté. Il était impossible d’en être surpris. Tout condamnable qu’il ait été, le nazisme n’était pas une imposture.

Dans cette perspective, les crimes perpétrés par le communisme relèvent de la perversité car nul ne pouvait objectivement les anticiper [7]. Le meilleur était possible : le pire en est résulté. En conséquence, il est parfaitement possible d’affirmer que l’imposture du communisme constitue une irrémédiable circonstance aggravante de ses crimes au regard de l’Histoire.

 

Post-Scriptum

La focalisation des esprits sur les crimes nazis, perpétrés pendant 12 ans (1933-1945), s’explique peut-être par le refus d’admettre que le communisme soviétique, entre autres, a aveuglé bien des gens, et perpétrés ses propres crimes, pendant plus de 70 ans (1917-1989).

Notes :

[1] Concept éminemment choquant pour des peuples européens qui avaient exporté leur civilisation dans des empires coloniaux (espagnol, anglais et français) constitués de peuples rarement considérés comme des égaux. Sans omettre de signaler que les colons nord-américains, rebelles à la tutelle de la couronne britannique, ont paradoxalement maintenu l’esclavage des Africains et, pour le moins, quelque peu molesté les Amérindiens.

[2] Sera-t-il totalement éradiqué en 2017 ?

[3] 80, selon un document officiel chinois ; 160, selon les dissidents.

[4] Même sans la seconde guerre mondiale, rien n’aurait pu empêcher la (re)naissance de l’aspiration à l’indépendance des peuples colonisés. En effet, comment imaginer que des individus éduqués ne prennent pas conscience de l’injustice de leur condition en étudiant l’histoire et les valeurs de leurs oppresseurs ?

[5] On a rarement vu un colonisateur abandonner ses conquêtes sans combattre.

[6] Paradoxalement, il est possible que la Chine puisse, à terme, se défaire pacifiquement du communisme grâce à une démocratisation progressive du régime en place. À la condition que la réussite économique et sociale soit telle qu’elle permette à sa population de supporter l’absence de liberté politique. L’URSS et ses satellites ont donné la liberté politique. Mais les progrès économiques et sociaux n’étaient pas au rendez-vous. Il en résulta que les régimes communistes en place n’eurent même pas le temps de se démocratiser. Car, contrairement aux idées reçues, la prospérité économique et sociale est indépendante de la liberté politique. À l’inverse, l’obtention de la liberté politique n’implique pas celle de la réussite économique et sociale.

[7] Même le principe de l’expropriation des riches n’implique pas nécessairement leur liquidation physique pure et simple.

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