Jacques Delors, l’homme qui n’avait pas compris...
21 Mai 2002 , Rédigé par Jean-Pierre Llabrés Publié dans #Politique France
Fin 1994, auréolé du prestige de sa présidence de la Commission Européenne, Jacques Delors s’est vu spontanément porté au sommet des sondages en vue de l’élection présidentielle de 1995.
Cependant, il renonça à se présenter au motif de son âge et au prétexte que, s’il était élu Président de la République, il ne disposerait pas d’une majorité parlementaire pour appliquer les solutions qu’il préconisait pour remédier aux maux de la France, chômage notamment.
Or, ce prétexte s’avère totalement fallacieux car il est probable que, si les Français(es) l’avaient élu Président de la République, ils n’auraient sans doute pas manqué de le doter d’une confortable majorité à l’Assemblée Nationale immédiatement après l’élection présidentielle.
De plus, si cette crainte lui apparaissait vraiment réelle, il avait tout le loisir d’accompagner sa candidature d’un avertissement solennel : « Si je suis élu Président de la République mais que je ne dispose pas d’une majorité présidentielle à l’Assemblée Nationale, je démissionnerai aussitôt ».
Dans une telle perspective, il est à parier que les Français(es) y auraient regardé à deux fois avant de voter pour Delors. Il est peu probable qu’ils se seraient bien gardés de courir le risque d’élire un Président de la République sans lui assurer, un mois plus tard, une majorité présidentielle à l’Assemblée Nationale, circonstance qui l’aurait amené à démissionner conformément à son avertissement.
Mais, plusieurs mois plus tard, Delors lui-même reconnut implicitement que son second argument pour renoncer à se présenter à l’élection était réellement fallacieux.
Alors qu’il était « plébiscité » par les Français(es), sans considération d’appartenance aux partis politiques, Delors en était resté à une analyse archaïque du scrutin présidentiel et, s’il était élu Président, il souhaitait gouverner sur la base d’une coalition du Parti Socialiste et des Centristes au lieu d’obtenir, préalablement, une majorité présidentielle au-dessus des partis et, ultérieurement, de contraindre ceux-ci à se rallier à ladite majorité ainsi qu’au programme du Président.
Pour ces raisons, les Français(es) n’ont pas eu la possibilité d’élire Delors Président de la République...
A posteriori, fut-ce un mal ou un bien ?
En raison de son renoncement à l’élection présidentielle de 1995, Delors put escamoter la présentation de ses solutions, soi-disant innovantes, aux maux de la France.
Cependant, entre l’élection présidentielle de Chirac, en mai 1995, et l’annonce par celui-ci de la dissolution de l’Assemblée Nationale, en avril 1997, jamais Delors ne s’est manifesté pour indiquer que la politique du gouvernement était erronée et pour présenter les solutions alternatives qu’il proposait.
Devant un tel silence, on ne peut que supposer que Delors était d’accord avec la politique qui fut conduite durant ces deux ans et que ses propositions, si innovantes en 1994 qu’elles risquaient de ne pas lui permettre d’obtenir une majorité de gouvernement, n’existaient pas réellement.
On en voudra pour preuve que Delors ne participa pas, de près ou de loin, à la politique que mena Jospin durant la cohabitation, de 1997 à 2002.
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