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SincéritéS

Les anti-OGM sont-ils rationnels et cohérents ?

8 Septembre 2010 , Rédigé par Jean-Pierre Llabrés Publié dans #Mondialisation

Les figures les plus médiatiques des « anti » opposent aux OGM deux objections principales. La première est d’ordre économique et la seconde se rapporte à la sécurité biologique, au sens le plus large. Comme perdure le débat « pro » et « anti », il y a lieu d’examiner les objections des seconds afin de déterminer s’ils sont rationnels et cohérents.

1. Rationalité économique ?

En matière économique, les anti-OGM arguent que les semences végétales génétiquement modifiées rendent les agriculteurs dépendants des entreprises semencières car, chaque année, ne pouvant réserver partie de leur récolte à titre de semences pour le semis et la récolte suivants, ils sont contraints de racheter de nouvelles semences. Les anti-OGM y voient une coûteuse aliénation.

Pourtant, depuis bien longtemps, dans les marchés correctement régulés des pays développés, cette « coûteuse aliénation » est économiquement et financièrement parfaitement supportée par les agriculteurs comme le démontre le cas des semences de maïs hybride.

Certes, l’agriculteur peut réserver partie de sa récolte de maïs hybride à titre de semences pour le semis et la récolte suivants. Mais, le résultat est incontournable : les rendements de la récolte suivante baissent de manière rédhibitoire. En conséquence, l’agriculteur a tout avantage économique à racheter de nouvelles semences chaque année. Et la souveraineté alimentaire n’est pas en danger : bien au contraire.

Il en va de même pour les semences OGM.

Pour ce qui concerne l’accès économique et financier à des semences améliorées, OGM ou pas, le problème des agriculteurs des pays dits en développement relève dudit développement, c’est à dire de l’amélioration de la valorisation de leurs productions, et non pas du type de semences améliorées qu’ils souhaiteraient acquérir.

Par ailleurs, les anti-OGM dénoncent la situation de quasi monopole mondial dans laquelle se trouvent les entreprises semencières. Ils souhaitent donc réduire le pouvoir économique excessif qui en découle (« brevetage » du vivant, par exemple). Pour y parvenir, la solution ne consiste certainement pas à réaliser des opérations de fauchage de parcelles d’essais ou de cultures de plein champ.

En réalité, la solution, simple dans son principe, consisterait à constituer un Collectif qui acquerrait, en bourse, des actions de ces entreprises semencières jusqu’à détention d’une minorité de blocage, voire de la majorité absolue, dans le capital de ces entreprises.

Ce faisant, ce Collectif serait en situation de contrôle de la stratégie de recherche (durée des essais, notamment), développement et commercialisation des dites entreprises semencières qu’il pourrait orienter de manière plus favorable aux agriculteurs.

En outre, une telle opération ferait naître un nouveau concept de structure économique, la Coopérative Capitaliste. Mais, sera-t-elle réalisable par des faucheurs « fauchés » ?...

2. Cohérence éthique ?

En matière de sécurité biologique, les anti-OGM craignent que s’installe un immense désordre biologique qui ferait disparaître la bio-diversité, du fait, notamment, de l’insuffisance de la durée des essais, et qui, alimentairement, serait quasiment suicidaire pour l’espèce humaine.

Ces craintes sont légitimes.

Pourtant, avant de pousser l’analyse plus avant, il convient d’examiner un point qui semble n’être jamais abordé dans les débats « pro » et « anti ».

À ma connaissance, et sauf erreur de ma part (dans ce cas, je fais immédiatement amende honorable), les anti-OGM ne se prononcent pas sur la thérapie génique appliquée à l’être humain qui, de facto, devient lui-même une sorte d’OGM (dont les nouveaux caractères ne sont pas héréditaires car, pour l’instant, la thérapie génique n’affecte pas les gamètes).

En bonne logique, les anti OGM végétaux et animaux devraient être également opposés à la thérapie génique appliquée à l'être humain.

En effet, la thérapie génique appliquée à l'être humain relève de la manipulation directe de son ADN tandis que la production d'OGM végétaux et animaux ne relève, pour l'être humain, que de l'ingestion alimentaire d'ADN génétiquement modifié.

Donc, si les anti-OGM sont opposés au principe même de la thérapie génique appliquée à l’être humain, il est impératif qu’ils le déclarent et qu’ils indiquent leurs justifications éthiques ou/et techniques.

Mais, s’ils sont favorables à ladite thérapie génique appliquée à l’être humain, il devient extrêmement impérieux et urgent qu'ils expliquent la contradiction que constitue, dès lors, leur refus des OGM végétaux et animaux alimentaires.

En conclusion, tant que les anti-OGM ne se prononcent pas sur la thérapie génique, le débat sur la sécurité biologique, au sens le plus large, est sévèrement tronqué ce qui lui ôte toute crédibilité.

Cependant, puisque les anti-OGM ont économiquement tort, pourquoi auraient-ils nécessairement éthiquement raison ?...

Il serait, donc, urgent d’attendre s’il n’était pas bien plus urgent encore d’informer loyalement l’opinion publique afin qu’elle puisse décider en toute connaissance de cause.

 

 

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