Présidentielle 2002 : Choisir entre la peste et le choléra. Les Législatives permettront de se débarrasser de la peste et du choléra !
Depuis que Chirac et Le Pen sont apparus comme les finalistes de l'élection présidentielle, nombre d'explications a été avancé pour rendre compte de cette surprenante situation. Cependant, ces explications n'ont pas été mentionnées comme résultant d'une cause commune, à savoir : la succession de trois cohabitations en un peu plus de quinze ans.
En effet, ces cohabitations successives, certes dues au vote des Français mais, également, à leur lâche acceptation par le personnel politique, ont progressivement brouillé tous les messages politiques, de Droite comme de Gauche. Ainsi, les Français ont, cette fois-ci, éliminé le dernier Premier Ministre quand il s'agissait de décider du sort du Président de la République sortant.
On peut aisément concevoir que, dès le premier tour, ils aient voulu signifier qu'ils ne voulaient pas de Lionel Jospin comme Président. Dans cette perspective, on peut également interpréter le faible score de Jacques Chirac comme la signification de leur désir de ne pas le réélire. D'où, dans le magma du vote, qui est tout sauf une offensive concertée, le surprenant score de Le Pen : un important dommage collatéral ! Quoi qu'il en soit, il n'en demeure pas moins que les Français doivent maintenant choisir entre la peste et le choléra.
Il est des électeurs, dont je suis, qui, sans vouloir de Lionel Jospin comme Président, ne pardonneront jamais à Jacques Chirac de s'être fait élire, en 1995, sur un programme de réduction de la fracture sociale puis, sitôt élu, d'avoir changé de programme. Pour ceux-là, il est plus que jamais hors de question de voter pour Jacques Chirac ; en dépit des appels de la Gauche à voter en sa faveur. Mais, l'abstention pourrait permettre à Le Pen de se voir élu Président de la République.
Si Jacques Chirac est réélu, la pilule sera bien amère. Circonstance aggravante : il est également possible qu'il puisse obtenir une majorité de gouvernement à l'Assemblée Nationale. Dans cette navrante hypothèse, sauf événement exceptionnel, il nous faudra subir ce triste sire et ses affidés durant cinq ans ! Mais, heureusement, ce n'est pas inéluctable.
Jacques Chirac étant réélu Président, la bataille des législatives sera rude. Les partisans de Le Pen, suite à la présidentielle perdue, auront à cour de prendre leur revanche : les triangulaires seront nombreuses et pourraient largement profiter à la Gauche qui, au final, pourrait se retrouver avec la majorité absolue (Au pire : avec une majorité relative de blocage permanent.). Dans cette hypothèse, si se manifestent enfin le courage et la ferme volonté (clairement annoncée) de ne pas cohabiter, Jacques Chirac se trouvera dans l'obligation, faute de pouvoir former un Gouvernement, de remettre en jeu son tout nouveau titre de Président. Il serait alors possible de s'en débarrasser définitivement.
Le Pen étant élu Président, ses troupes auront à coeur de confirmer cette victoire présidentielle par une victoire aux législatives : la bataille des législatives sera aussi rude que dans le cas précédent. Dans ce cas de figure, la Gauche peut également espérer retrouver la majorité absolue à l'Assemblée Nationale. Et, toujours en refusant de cohabiter, elle pourrait contraindre Le Pen à provoquer une nouvelle élection présidentielle qui pourrait lui être fatale.
Aujourd'hui, la Gauche est exsangue. Néanmoins, que Jacques Chirac ou Le Pen soit élu Président de la République, tout n'est pas encore perdu pour la Gauche tant que l'on n'est pas parvenu à la fin des élections législatives. À Droite, la guerre pour la majorité absolue à l'Assemblée Nationale, entre les partisans de Jacques Chirac et de Le Pen, sera très meurtrière : la Gauche peut encore se ressaisir, l'emporter aux législatives et, en refusant absolument de cohabiter, provoquer une nouvelle élection présidentielle.
Si ce scénario s'avérait exact, Lionel Jospin pourrait regretter d'avoir abandonné le combat avant le terme ultime des législatives.