Sécurité routière : les « radars-tronçons » pour en finir avec les excès de vitesse !
Pour autant que la vitesse automobile serait réellement la cause première de la mortalité automobile, quel que soit le type de route utilisé, la généralisation des radars-tronçons, sur l’ensemble du réseau autoroutier et routier français, permettra d’éradiquer les excès de vitesse et, partant, les décès causés par des vitesses excessives.
Imaginons deux voitures s’engageant sur une autoroute l’une derrière l’autre. La première délaisse la première voie, la plus à droite, celle où roulent les véhicules (camions, par exemple) dont les vitesses limites de circulation sont inférieures à 130 Km / H, et circule sur la seconde voie, stabilisant sa vitesse à 129 Km / H. La seconde voiture se place dans son sillage mais, roulant à 130 Km / H, se voit contrainte d’initier un dépassement car, à ces vitesses respectives, la deuxième rattrape la première et ne peut maintenir l’écart réglementaire de 2 secondes, soit un peu plus de 72 mètres1, avec la précédente. Donc, il lui faut ralentir à 129 Km / H ou dépasser à 130 Km / H.
Pour réaliser son dépassement, la seconde voiture doit compenser un peu moins de 150 mètres2, relativement au véhicule dépassé, sur la voie la plus à gauche, la troisième, afin de pouvoir se rabattre dans la deuxième voie en se trouvant 2 secondes devant la voiture doublée.
Compte tenu de leur différentiel de vitesse d’1 Km / H, le véhicule en cours de dépassement aura besoin de près de 9 minutes3 pour réaliser ledit dépassement. Durant ce temps, comme il roule à 130 Km / H, il aura parcouru près de 20 Kilomètres… pour se retrouver 2 secondes (72 mètres) devant le véhicule doublé qui, lui, continue de rouler à 129 Km / H.
Au cours de cette manœuvre, le véhicule le plus rapide n’aura cependant jamais excédé la vitesse maximale autorisée de 130 Km / H.
De cet exemple théorique, extrême mais plausible, il résulte que, faire respecter absolument la limite de vitesse de 130 Km / H, est facilement réalisable. Pour y parvenir, il suffirait d'installer des radars-tronçons séparés de 20 Kilomètres. Par exemple, sur le parcours allant de Paris à Marseille, soit environ 700 Kilomètres, 70 radars-tronçons pourraient assurer le respect de la vitesse maximale autorisée dans les deux sens de circulation.
On objectera que, si de telles mesures étaient prises, la vitesse maximale serait effectivement respectée mais que les « bouchons » pourraient s’installer de manière permanente. Ainsi, sur 100 Km d’autoroute, en respectant la vitesse maximale de 130 Km / H ainsi que la « distance » de sécurité de 2 secondes4, il ne pourrait circuler que 1.250 véhicules5 ; par exemple, sur les 700 Km allant de Paris à Marseille, il ne pourrait y avoir, simultanément, que 8.750 véhicules6 ; 17.500, si l’on tient compte des deux sens de circulation.
De plus, la troisième voie de circulation resterait désespérément vide. Ainsi, sur les 10.000 Kilomètres d’autoroutes françaises, 20.000 Kilomètres de « 3ème voie » s’avéreraient avoir été construits inutilement !…
Cependant, si de la disparition des dépassements de la vitesse maximale autorisée dépend, réellement, la survie de 5.000 à 6.000 voyageurs routiers, « bon an », mal an, il serait criminel de ne pas procéder à la mise en œuvre de ce « cantonnement » des voies, par l’installation de radars-tronçons.
Le même principe de cantonnement pourrait être appliqué aux routes nationales et départementales sur lesquelles la vitesse est généralement limitée à 90 Km / H, exception faite des « voies express », routes nationales à chaussées séparées7, sur lesquelles la vitesse maximale autorisée est de 110 Km / H.
Tous ces paramètres peuvent se résumer en un tableau :
Type de |
Longueur |
Vitesse |
Durée |
Distance de sécurité |
Distance |
Véhicules |
Flux |
Km |
Km / H |
Différentiel |
Mètres |
KM |
Nombre |
Nombre |
|
Autoroute |
10.000 |
130 |
9 minutes |
72,22 |
20 |
1.250,0 |
1.800 |
Voie « express » |
5.500 |
110 |
8 minutes |
61,11 |
17 |
1.512,0 |
1.800 |
Nationale & |
22.000 |
90 |
7 minutes |
50 |
15 |
1.818,0 |
1.800 |
Total |
402.500 |
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Au bout du compte, la mise en œuvre de ce principe de cantonnement, par le respect de la distance de sécurité de 2 secondes, entraînerait l’harmonieuse uniformisation du nombre de véhicules circulant par heure : 1.800 véhicules / Heure, sur tous les types de routes, indistinctement.
À noter, par ailleurs, que, sur les routes nationales et départementales, à deux ou trois voies non séparées, il serait quasiment impossible de doubler un véhicule qui ne roulerait qu’à 89 Km / H, car chaque dépassement nécessiterait une ligne droite de 15 kilomètres.
Se refuser à prendre ces mesures de cantonnement de l’ensemble du réseau routier interdira de réduire, à quasi néant, la mortalité routière et autoroutière8 mais constituera une invitation hypocrite des Pouvoirs Publics à dépasser la vitesse maximale autorisée afin, sur autoroute, de permettre la rentabilisation de la troisième voie de circulation et de dépassement.
En conséquence, on continuera de verbaliser les « dépassements de la vitesse maximale autorisée » en les assimilant sans nuance aux authentiques « excès de vitesse » définis comme des « vitesses excessives eu égard aux conditions de circulation du moment »9 : performances du véhicule, capacité(s) du conducteur, profil de la route, conditions climatiques, etc…
La communauté nationale doit donc déterminer si, annuellement, 5.000 à 6.000 vies humaines ainsi que quelque 25.000 blessés graves et 115.000 blessés légers, méritent les investissements matériels requis.
Il convient de rappeler que les autoroutes représentent moins de 7 % des tués tandis que les nationales en totalisent environ 26 % et les départementales 52 %. Quant aux voies communales, dont le réseau de 550.000 Km dépasse de 37 % celui l’ensemble des autres voies, elles ne comptabilisent que 15 % des décès.
Avant de statuer sur l’instauration, ou non, d’un cantonnement du réseau routier, il serait certainement riche d’enseignements de procéder à des tests sur des axes significatifs particulièrement mortifères.
1 Distance de sécurité de 72,22 mètres correspondant à 2 secondes de déplacement à 130 Km / H.
2 72,22 + 5 + 72,22 = 149,44 mètres (avec un véhicule doublé mesurant 5 mètres de long).
3 8 minutes et 58 secondes.
4 2 secondes = 72,22 mètres + 5 mètres de longueur de véhicule ; arrondi à 80 mètres.
5 Sur la base d’une longueur moyenne de véhicule de 5 mètres.
6 Circulant tous sur la seconde voie tandis que la troisième resterait totalement vide.
7 À deux fois deux voies de circulation (autoroutes de dégagement).
8 Aussi faible soit elle déjà.
9 Publication : « Réagir », l’Insécurité Routière, Accidentologie, page 18 ; mai 2003.