Encyclique posthume Capitalismus Humanistus de Léon XIII

12 Mai 2025 , Rédigé par Jean-Pierre Llabrés Publié dans #Vatican

Karl Marx mourut en 1883. Peu de temps après avoir publié mon encyclique Rerum Novarum en 1891, je reçus en audience privée un disciple anonyme de Karl Marx. Il se présenta comme économiste, et bien qu’agnostique (tendance athée), se déclara profondément intéressé par mon texte.

Il m’expliqua qu’il avait été en désaccord avec Karl Marx sur un point fondamental : Marx affirmait que l’avenir du prolétariat passait par l’éradication de la bourgeoisie. Or, lui soutenait qu’il existait une autre voie : l’intégration du prolétariat dans la bourgeoisie par l’enrichissement.

Il me rapporta leur échange :

« Je fis remarquer à Karl Marx qu’il omettait la seconde option de son alternative, à savoir : amener le prolétariat à se fondre dans la bourgeoisie en l’enrichissant.

Karl Marx prit très mal le fait que quelqu’un soulignât cette lacune chez lui et contre-attaqua en demandant comment le prolétariat pourrait s’enrichir et se fondre dans la bourgeoisie.

Je lui expliquai donc ma vision du problème en formulant un concept contre-intuitif : le prolétariat devrait copier la bourgeoisie dans son mode d’enrichissement.

Pour cela, il devrait s’astreindre à un effort collectif mensuel ou annuel d’épargne, gérée démocratiquement, et investie dans l’économie capitaliste. Certes, ce capital augmenterait lentement, mais sa croissance s’accélérerait par le réinvestissement régulier des dividendes annuels, comme le pratique la bourgeoisie.

Au terme de plusieurs décennies, le capital accumulé dans l’économie de marché serait assez important pour produire des dividendes permettant de servir une rente mensuelle à tous les prolétaires, devenus propriétaires collectifs du fonds souverain, tout en continuant de réinvestir une partie des dividendes dans l’économie réelle marchande.

Ainsi croîtrait ce que l’on pourrait appeler un dividende universel.

À ces conditions, le prolétariat pourrait rivaliser pacifiquement avec la bourgeoisie, et la lutte des classes serait rendue obsolète. »

Karl Marx rejeta mon projet au motif que ce processus serait beaucoup trop long, tandis que l’éradication de la bourgeoisie ne prendrait que peu de temps.

Ce fut la rupture entre nous.

Codicille de Léon XIV

J’ai découvert cette encyclique posthume dans les archives de mon prédécesseur Léon XIII.

Je ne comprends pas pourquoi cet ex-disciple de Karl Marx est définitivement resté anonyme et inconnu. Je ne m'explique pas non plus pourquoi Léon XIII n'a pas publié cette encyclique Capitalismus Humanistus de son vivant. À eux deux ils auraient pu changer le XXe siècle et les suivants pour toute l'Humanité.

Parce qu’elle me paraît d’une profonde pertinence et riche de promesses pour l’avenir, je la publie afin que le personnel politique, les penseurs et les économistes du monde entier puissent s’en inspirer pour bâtir un ordre plus juste, plus stable, et plus fraternel, pour le plus grand bonheur matériel et moral de l’Humanité.

En conclusion, à ceux qui reprocheraient la lenteur du processus proposé, il faut rappeler ce que la rapidité révolutionnaire inspirée par Karl Marx a produit : des révolutions sanglantes, des dictatures brutales, l’éradication violente de la bourgeoisie, la suppression des libertés, et l’échec économique. La précipitation révolutionnaire a coûté non pas des dizaines, mais des centaines de millions de vies humaines.

À l’inverse, l’épargne patiente, la construction démocratique, et la croissance du capital par la paix et la participation sont les voies d’un progrès véritablement humaniste.

La lenteur n’est pas une faiblesse : c’est un choix de civilisation.

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