La peine de mort avec sursis de 2 ans en Chine : un objet de méditation universelle (en vigueur depuis 2007)

1 Novembre 2025 , Rédigé par Jean-Pierre Llabrés Publié dans #Justice

Je n'ai que très récemment entendu (déficience des médias ?), sans autre commentaire, à la télévision, qu’en Chine existe une peine de mort avec sursis de deux ans. Ce dispositif juridique singulier mérite qu’on s’y arrête.

À première vue, il semble n’être qu’un compromis : la peine capitale reste prononcée, mais son exécution est suspendue, comme si l’État voulait à la fois effrayer et ménager. Pourtant, cette pratique peut aussi s’interpréter comme un reflet profond de la culture politique chinoise — mélange d’autorité absolue et de clémence conditionnelle.

On peut y lire une triple signification. D’un côté, une hypocrisie institutionnelle, qui conserve la symbolique du châtiment suprême sans oser la mise à mort. De l’autre, un pragmatisme confucéen, qui reconnaît la possibilité de rédemption. Et enfin, un message politique : l’État reste tout-puissant, mais garde la maîtrise du pardon.

Cette « peine de mort suspendue » illustre, en somme, une tension permanente entre le besoin d’ordre et l’aspiration à l’humanité. Elle pose, à sa manière, la même question que le capitalisme humaniste : jusqu’où une société peut-elle punir ou récompenser sans renoncer à sa propre dignité ?

Peut-être faut-il y voir, paradoxalement, un signe d’espérance : même dans l’exercice du pouvoir absolu, subsiste encore l’idée qu’un être humain — ou une civilisation — peut se corriger avant qu’il ne soit trop tard.

Précision historique

La pratique de la peine de mort avec sursis de deux ans — en chinois 死缓 (sǐ huǎn zhìdù) — n’est pas une innovation récente. Elle est documentée dès les années 1950 sous Mao Zedong, dans le cadre de la campagne de « suppression des contre-révolutionnaires ».
Mais sa généralisation moderne, comme alternative systématique à l’exécution immédiate, s’est consolidée au milieu des années 2000, avec une réforme formelle entrée en vigueur en 2007.

Depuis, ce dispositif fait partie intégrante du droit pénal chinois : si le condamné ne commet aucun crime intentionnel pendant les deux ans de sursis, la peine de mort est automatiquement commuée en prison à vie (ou à une peine à durée déterminée).